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histoires provençales

29 novembre 2007

le héros de 7 ans

Il était une fois, dans la Provence millénaire, la guerre qui s’éternisait. Ho, bien sûr, ce n’était pas tout les jours : les deux grands événements militaires de la commune sont le massacre d’un maquis dans la colline voisine et l’assassinat de notre député, nous en reparlerons peut être une autre fois…

Par contre, il passait de temps en temps des convois allemands ; imaginez ce qui pouvait se passer dans la tête des gamins de cette époque ! C’était leurs jeux de cow-boys et d’indiens qui prenaient forme sous l’apparence des uniformes vert rezeda, enrichi par les conversations des parents le soir à voix basses.

C’était très simple

, les bons c’était nous en paysans, les méchants eux, « les  envahisseurs » en bottes cirées. En fait, ni collabos ni résistants la plupart cherchaient à arriver à la fin le mois mal possible et vivant ; il faut des dizaines d’années pour avoir l’idée de baptiser un lycée « De Gaulle » ou « Jean Moulin ».

Mais revenons à nos gamins, et plus exactement au petit EC que nous avons déjà vu ;ce jour là est arrivé au village un convoi entier de soldats allemands, accompagnés de side-cars et tout…Les gamins sont intenables,plus émerveillés qu’apeurés. En cinq minutes la décision est prise : ce sera un acte héroïque, sinon rien ; l’occasion est trop belle, ils viennent nous défier chez nous !

Les camions rutilants sont rangés sur le cours(l’artère principale du village) ; c’est d’autant plus spectaculaire qu’il n’existe que 2 camionnettes dans le villages (celles des bouchers).

Le petit EC a pris sa décision : il va crever les pneus de tous les véhicules de la colonne !

Il court chez sa mère, « emprunte » deux grandes aiguilles à coudre les matelas, les cache dans ces vêtements ( ce qui n’est pas aisé : il en a si peu !) et profite de sa petite taille pour se cacher sous un camion.

Le voila en train d’essayer d’enfoncer son aiguille dans le pneu grand comme lui ;il transpire, plus de peur que de chaleur, sort la langue sur le coté de la bouche ; mais autant tenter de la planter dans un caillou ; la tête de aiguille lui rentre dans la paume de la main et lui fait mal.

Finalement, il renonce, sort de dessous le camion, comme il est rentré.

Il recommencera une autre fois, quand il sera plus grand, si la guerre n’est pas finie.

C’était courageux, pour un gamin de 7 ans,et risqué pour le village s’il se faisait prendre ;la sanction est venue quand même sous la forme d’une fessée de sa mère, quand il a ramené les aiguilles en forme de W…

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28 novembre 2007

la terre amère

Il était une fois, dans la Provence d’aujourd’hui un homme du cru, hâbleur et ventru, Raimu sans la moustache mais avec la casquette, que nous appellerons RM. Il ne pouvait parler sans faire des grands gestes avec les mains ; le menotter l’aurais rendu muet .Il avait une entreprise de travaux  agricoles et labours ; son bureau était bien sûr le bar ; quand il répondait au téléphone en conduisant, ce qui avait lieu toutes les heures, il agitait plus fort la main qui lui restait de libre, le tracteur, lui, faisant ce qu’il voulait de son coté.

Un jour il dû labourer un grand champ qui avait déjà été planté en vignes par avant, mais dont une partie en bordure, ne l’avait jamais été

« -Et tu comprends, »disait il au paysan, qui justement ne comprenait pas pourquoi il ne voulait pas labourer la bordure de 1000 mètres carré ; »cette terre est pour ainsi dire vierge ; elle n’a jamais connu la charrue ; si le vieux Martin(celui là, je peux le citer vu que c’est le nom le plus répandu ; de plus ledit Martin vivait à la fin du 19ème) ne l’avait pas labouré, c’est par ce qu’il savait que cette terre était amère !(lire en faisant la liaison : « était ta mère »)

Je ne doute pas que le vieux Martin l’ait un jour goûté, dans ces époques reculées, mais à l’époque de la PAC et de la mondialisation, j’ai trouvé ça savoureux…

27 novembre 2007

Le cochon de lait

Il était une fois, dans la Provence de l’après-guerre, une famille pauvre de 9 enfants (en Provence prononcez « pôvre »).Le héros de l’histoire, l’un des plus jeune, nous l’appellerons

EC. C’est un enfant vif et presque blond, les cheveux courts pour éviter la prise dans les bagarres avec ses frères, un pantalon coupé et des genoux égratignés, signe de bonne santé. Le père de famille, au chômage et avec une propension pour le vin rouge (malheureusement très bon en Provence), avait du mal a remplir le garde-manger. Il est vrai que l’après-guerre a été longue, une fois fini les chwingum des américains.

Les repas devant les assiettes presque vides étaient mornes quand un beau jour, le père de famille eu une idée mémorable :- Nous allons acheter un petit cochon, nous l’engraisserons avec les restes et nous le tuerons à Noël, ainsi nous aurons viande et charcuterie.

C’était une fausse bonne idée, les restes avec 9 enfants à table étaient une utopie, une vue de l’esprit.

Le cochon nouvellement acquis, fût le locataire de l’écurie desserte, avec une porte en bois pour l’empêcher de s’enfuir. Mais l’animal, avec une soupe si claire qu’il aurait pu se laver dedans, mourait de faim, au moins autant que tout le monde dans la maisonnée.

Pour se nourrir et se repaître des glands juteux sous les chênes, il devait franchir la porte ; l’instinct faisant le reste, il ne fit presque qu’une bouchée de l’huis.

Bref, une fois enfui, toute la famille courrait la campagne à la recherche des précieux jambons ; une fois l’animal repris, on rafistolait la porte, fragile obstacle avant les chênes.

Le scénario se répéta plusieurs fois durant l’année ;mais le cochon courrant tout le temps avec la famille au complet à sa suite, ne profitait guère de sa pitance ou des glands, et fit plus de muscle sec que de gras(ce qui est pourtant bien vu chez un cochon) .

Au bout d’un an le père du se résoudre à ce que son cochon, grand amateur de portes de grand air et de sprint, ne grossirait plus.

Maigre comme un carton, il passa sous le couteau du boucher, 35 kilos en tout, ce qui établit un nouveau recors français ; le cochon nain était né et péri bien malgré lui.

Il n’eu pas de remplaçant. …………

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